Il n’y a rien à célébrer : les frontières de l'Europe continuent de tuer !

CommemorAction, Dakar, Senegal. octobre 2024. Photo: Alarm Phone

Décembre 2024, le dernier mois meurtrier d’une année meurtrière. Au cours des derniers jours et des dernières semaines, de nombreux accidents mortels se sont produits le long des routes migratoires dans l’Atlantique et la Méditerranée. Alors que les citoyen.nes d’Europe et d’ailleurs profitent des fêtes de fin d’année, les frontières de l’Europe continuent de tuer. Nous pleurons toutes celles et ceux qui ont perdu la vie et sommes solidaires de leurs proches.

En tant qu’Alarm Phone, nous soutenons les personnes en détresse en mer le long des différentes routes migratoires maritimes. Dans le cadre de notre action, nous sommes les témoins directs des violentes conséquences du régime migratoire européen. Nous voyons comment les personnes sont forcées d’emprunter des itinéraires toujours plus longs et plus dangereux en raison de la surveillance croissante des frontières et des politiques conçues pour “dissuader” la migration. Nous voyons comment ces personnes sont obligées de rester invisibles et de se cacher des gardes-frontières, ce qui rend leur voyage encore plus risqué. Dans le même temps, certains des acteurs civils qui comblent le vide créé par le refus des États européens de secourir les personnes en détresse se sentent contraints de mettre fin à leurs activités en raison de la forte criminalisation à laquelle ils et elles sont confronté.es. Il en résulte des naufrages encore plus meurtriers et un nombre croissant de personnes tuées ou disparues sur le chemin de l’Europe.

Tout au long du dernier mois de l’année 2024, de nombreux accidents mortels se sont produits le long de différentes routes – de l’Atlantique à la Méditerranée centrale et à la Méditerranée orientale. C’est avec une grande tristesse et une immense colère que nous énumérons les naufrages mortels dont nous avons connaissance – des centaines de personnes ont perdu la vie au cours du seul mois de décembre, laissant des milliers de parents et d’ami.es dans un grand désespoir et une grande tristesse. Pire encore, nous savons qu’il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg.

Alors que les personnes qui ont perdu la vie sont souvent représentées par des chiffres, nous nous souvenons d’elles en tant que personnes et individus, avec leur propre histoire, leur famille et leurs ami.es. Nous pleurons ces morts, des morts qui auraient pu être évitées. Ces crimes frontaliers sont le résultat de politiques migratoires qui coûtent des milliards d’euros chaque année. Bien que ces politiques n’empêchent pas les gens de continuer à exercer leur droit à la mobilité, elles sont la cause d’innombrables morts.

31 décembre : Au moins 6 naufrages en Libye et en Tunisie

Rien que le dernier jour de l’année, au moins six naufrages sur la route de la Méditerranée centrale ont provoqué la mort de dizaines de personnes et la disparition d’un nombre encore plus important :

Un bateau avec une soixantaine de personnes parti de Libye a coulé dans les eaux internationales près de la Tunisie le 31 décembre.

Un autre naufrage a eu lieu au large de Lampedusa le 31 décembre, avec 7 survivant.es qui ont été secouru.es à Lampedusa. 20 personnes sont portées disparues. Le bateau était parti de Zuwara en Libye.

Un autre bateau libyen a fait naufrage à 45 milles marins au large de Tripoli le même jour. 20 personnes sont portées disparues.

Trois bateaux partis de Tunisie ont fait naufrage. Un premier bateau avec ~60 personnes qui a fait naufrage après avoir quitté Sfax le 27 décembre. Cet accident a coûté la vie à 7 personnes. Les survivant.es ont été ramené.es à Sfax.

Nous avons été informé.es de la présence de deux autres bateaux près de l’île tunisienne de Kerkennah. L’un d’eux transportait 48 personnes et a chaviré. 3 corps et 20 survivant.es ont été retrouvé.es tandis les autres personnes sont portées disparues. Le second bateau transportait 71 personnes. Lorsqu’il a chaviré, seules 24 personnes ont survécu. 21 corps ont été retrouvés tandis que toutes les autres personnes sont portées disparues. Dans les deux cas, les autorités avaient été alertées et n’ont pas porté secours.

À la fin de l’année 2024, le ministre italien de l’intérieur a déclaré que “les mesures préventives contre les départs de Libye et de Tunisie fonctionnaient très bien“. Il est clair que ce n’est pas le cas et que les gens continuent d’embarquer dans des bateaux surchargés en raison des raids quotidiens de la police tunisienne, principalement à Sfax, et du risque de déportation dans le désert auquel les personnes en mouvement sont confrontées.  Il ne s’agit pas de “mesures préventives contre les départs”, mais d’une politique qui laisse mourir les gens loin des côtes européennes.

29 décembre : Naufrage au large de Samos

Les médias grecs ont rapporté le naufrage d’un bateau dans la zone située au nord-est de Samos. 30 personnes auraient été sauvées, dont 12 enfants. Nous n’avons pas trouvé d’autres informations sur les circonstances du naufrage et si des personnes sont portées disparues.

27 décembre : Disparition d’un bateau dans l’Atlantique

Alarm Phone a lancé l’alerte pour un bateau avec environ 100 personnes sur la route Atlantique. Le contact n’a pas pu être établi avec le bateau. Nous craignons que ce bateau ait rejoint les 131 pirogues qui ont disparu en 2024 en tentant de rejoindre l’Espagne, selon l’organisation Caminando Fronteras.

22 décembre : Une catastrophe meurtrière coordonnée par le MRCC (centre de coordination des secours) de Rabat

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris qu’une opération de sauvetage a conduit à une nouvelle catastrophe. Le 18 décembre, nous avons informé les autorités marocaines de la présence d’une embarcation en détresse au large du Sahara. Nous avons également informé les bateaux présents à proximité. Après plusieurs jours sans nouvelles de la situation, nous avons appris le 22 décembre qu’au cours de l’opération de sauvetage, des dizaines de personnes sont mortes et seulement 9 auraient survécu. Jusqu’à aujourd’hui, nous ne connaissons aucun détail de cet accident. Nous sommes indigné.es et attristé.es et demandons des éclaircissements sur les circonstances de cette opération meurtrière.

20 décembre : 8 personnes tuées après avoir été poursuivies par les garde-côtes grecs. Les personnes ont été démembrées par les hélices du navire des garde-côtes. Une neuvième personne est décédée à l’hôpital quelques jours plus tard.

Lors d’une tentative d’interception d’un bateau transportant un nombre inconnu de personnes près de l’île grecque de Rhodοs, 8 personnes ont perdu la vie. Lorsque le bateau des garde-côtes grecs et le bateau transportant les voyageurs sont entrés en collision, des personnes sont tombées dans l’eau. 18 personnes ont été secourues, 8 personnes sont mortes, une neuvième personne, une femme, est décédée à l’hôpital quelques jours plus tard. Un nombre indéterminé de personnes étaient portées disparues. Quelques jours plus tard, il a été rapporté que les survivant.es de cette horreur avaient été abandonné.es dans les rues de Rhodes sans toit pour dormir. Des volontaires sur l’île ont rapporté à Iasonas Apostolopoulos que “les 8 morts, dont 3 femmes et un enfant, ont tous été démembrés par les hélices”. Ils et elles ont également rapporté que “tout le pont du navire des garde-côtes était rouge de sang. Un homme avait perdu la moitié de sa tête à cause d’un coup d’hélice. L’une des femmes était littéralement en morceaux”.

19 décembre : Naufrage en Méditerranée centrale – jusqu’à 15 personnes portées disparues

Malgré nos alertes pour un bateau qui prenait l’eau, les secours ne sont pas arrivés à temps. Une fois sur place, les soi-disant garde-côtes libyens ont trouvé 82 personnes. Cependant, jusqu’à 15 personnes sont portées disparues ou décédées.

14 décembre : Fin des opérations pour le bateau civil de sauvetage Geo Barents

C’est en ce mois meurtrier, au cours duquel des centaines de personnes ont perdu la vie en mer (victimes des politiques de non-assistance, forcées d’être invisibles et d’emprunter des routes plus longues et plus dangereuses), que l’organisation Médecins Sans Frontières a annoncé qu’elle était contrainte de mettre fin à ses opérations de sauvetage en mer en raison des lois et des politiques italiennes restrictives. L’Europe poursuit ses attaques contre celles et ceux qui migrent et celles et ceux qui sont solidaires avec ces personnes, transformant les routes méditerranéennes et atlantique en véritables fosses communes.

14 décembre : Naufrage près de Gavdos faisant craindre la mort de 40 personnes

Près de l’île grecque de Gavdos, à proximité de la Crète, un bateau transportant environ 80 personnes a fait naufrage. 37 personnes ont été secourues tandis qu’environ 40 personnes sont portées disparues et présumées mortes. Jusqu’à présent, seuls 8 corps ont été retrouvés.

12 décembre : 5 personnes sont mortes sur la route des îles Canaries

Le 10 décembre, nous avons informé les autorités d’un bateau parti le 6 décembre de Nouadhibou en Mauritanie. Deux jours plus tard, nous avons appris que le bateau était arrivé aux Canaries. Cependant, cinq personnes n’ont pas survécu au long et dangereux voyage et ont perdu la vie. Il s’agit d’un autre crime frontalier qui a coûté la vie à des personnes.

11 décembre : Naufrage au large des côtes tunisiennes – 9 personnes sont mortes, beaucoup d’autres sont portées disparues

Le 11 décembre, nous avons été alerté.es de la présence d’un bateau transportant 130 personnes fuyant le climat raciste qui règne en Tunisie à l’encontre des migrant.es noir.es. Le groupe a signalé être en détresse au large de la ville tunisienne de Sfax. Le bateau aurait chaviré. Plus tard, le MRCC de Tunis a confirmé que 27 personnes avaient été secourues, que 9 corps avaient été retrouvés et que de nombreuses personnes étaient portées disparues. Nous craignons qu’elles soient également décédées.

7 décembre : Naufrage en Méditerranée occidentale – 9 personnes disparues

Un bateau transportant 11 personnes a quitté le Maroc le 26 novembre. Sur les 11 personnes, seules deux sont arrivées à Almeria, tandis que neuf personnes sont toujours portées disparues. Nos pensées vont à leurs ami.es et à leurs familles qui sont resté.es sans nouvelles de leurs proches.

2 décembre : 3 bateaux disparus entre la Tunisie et l’Italie

Alarm Phone a été informé de la disparition de 3 bateaux partis de Tunisie vers l’Italie. Au total, plus de 160 personnes se trouvaient sur ces bateaux. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas pu élucider le sort de ces bateaux. Ces disparitions doivent cesser !

1 décembre : Mort d’une personne en Méditerranée occidentale

Un bateau transportant 15 personnes est arrivé d’Algérie en Espagne. Une personne a perdu la vie à bord.

Nos pensées et notre solidarité vont aux ami.es et aux familles de celles et ceux qui ont perdu la vie, de celles et ceux qui sont porté.es disparu.es et de toutes celles et ceux qui sont toujours en migration – qui risquent l’emprisonnement, le travail forcé et la disparition forcée.  Nous continuerons à lutter contre ces frontières meurtrières et pour la liberté de circulation et l’égalité des droits pour toutes et tous !

Mettons fin au régime meurtrier des frontières européennes !
Luttons contre la criminalisation de l’immigration et de la liberté circulation !
Liberté de circulation et égalité des droits pour toutes et tous !

Alarmphone on X

🆘 dans l’Atlantique! ~55 personnes sont en détresse sur la route entre #Tantan et #Lanzarote. Elles sont parties le 2/01 et les autorités sont informées, nous exigeons un sauvetage immédiat !

🆘 in the Atlantic! ~55 people are in distress between #Tantan and #Lanzarote. They left on the 2/01 and authorities are informed. We demand immediate rescue!

🆘️ ~31 people stranded on #Kastellorizo, #Greece!

The people say there are many children with them, and say some of them have a bad fever. They are asking for urgent assistance! We alerted @Hcoastguard and urge them to act quickly and help these people.

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