Alarm Phone, rapport sur 6 semaines, 5 Fevrier – 18 Mars 2018
Histoires et combats de femmes migrantes en mer +++ 458 mort·es en mer en 2018+++ Évolution de la situation en Méditerranée centrale, en Méditerranée occidentale et en mer Égée +++ Résumés de 25 cas de détresse d’Alarm Phone
INTRODUCTION
En avril 2017, Sylvie et Joëlle voulaient traverser la mer pour échapper à leur difficile condition et commencer une nouvelle vie en Europe.[1] Elles ne se connaissaient pas avant d’embarquer sur le petit bateau en caoutchouc en Turquie, avec vingt-deux autres personnes, dont deux enfants. Sylvie était anxieuse et est montée la dernière à bord du bateau, remettant son sac rouge à Joëlle qui a promis de le lui rendre après leur arrivée à bon port. Elles sont parties, mais à un moment donné, quelque part en mer Égée, elles sont tombées en panne de carburant et n’ont pas pu continuer leur route. Sylvie a essayé d’appeler à l’aide, mais son téléphone a été emporté par une grosse vague. Perdue en mer, Joëlle, enceinte de 8 mois, a commencé à pleurer et à prier pour obtenir de l’aide, mais personne n’est venu. Leur bateau a chaviré, tout le monde est tombé à l’eau, et chacun·e dérivait en s’éloignant les un·es des autres. Sylvie et Joëlle furent séparées mais Joëlle n’a jamais abandonné : “J’ai senti une grande force en moi. Je ne sais même pas d’où elle venait, car là où nous sommes tombées, dans la mer, il n’y avait rien: pas de bateaux, pas de pêcheurs, pas de police, personne.”
Elle a pu rester avec deux autres personnes, Guilaine et Teddy. Elles/Ils ont flotté dans l’eau toute la nuit, essayant de rester conscient·es et ensemble. Mais une vague les a finalement séparé·es et Joëlle s’est retrouvée toute seule. Après des heures à dériver, elle a soudain vu un bateau s’approcher. C’était le navire de sauvetage de l’ONG Proactiva qui l’a prise à bord et ramenée à terre.
Quand elles se sont perdues, Sylvie a elle aussi pu rester avec trois autres personnes. Elles se sont tenu la main, ont parlé, se sont donné de l’espoir et ont essayé de rester éveillées. Mais au bout d’un certain temps, elles se sont aussi perdues, et quand Sylvie a finalement été sauvée, elle ne voyait plus rien : “Le sel marin m’avait brûlé les yeux. J’étais aveugle.” Elle a retrouvé Joëlle et ensemble, elles sont allées à l’hôpital. Joëlle a demandé : “Où sont les autres? Espérons qu’ils les ramènent même s’ils ne sont pas vivants. Mais personne ne pouvait nous rejoindre. Le soir même, j’ai vu un assistant et un psychologue et je leur ai demandé : “Où sont mes frères et sœurs?”. Finalement, elles ont appris qu’elles étaient les seules à avoir survécu. Deux sur un groupe de vingt-deux. Joëlle avait toujours le sac rouge avec elle et l’a rendu à Sylvie: “J’ai pensé qu’elle avait peut-être son argent à l’intérieur, je ne peux pas abandonner le sac.” Joëlle a dit que sans les ONG de recherche et de sauvetage en mer (SAR), elles n’auraient pas survécu. Elle a donné naissance quelques semaines plus tard à une fille en bonne santé : “Elle est ma joie et ma force, je crois que je serais morte si elle n’avait pas été en moi. Dieu a eu vraiment pitié de moi. C’est vraiment un miracle. J’ai appelé ma fille Victoria-Miracle.”
On entend rarement ces histoires de femmes qui luttent pour franchir les frontières maritimes. Et quand on les entend, les femmes sont souvent simplement dépeintes comme des victimes subordonnées, exploitées et passives, qui dépendent de compagnons masculins et qui n’ont pas de projets de migration individuelle ou d’actions politiques. La négation de leurs actions et de leurs voix est aussi l’un des effets produit par des récits hégémoniques de la migration vers l’Europe. Dans ces récits, “le migrant” est le plus souvent imaginé comme une figure jeune, valide et masculine, figure abstraite plus qu’être humain, communément construite comme un sujet dangereux contre lequel le renforcement des frontières et les politiques de dissuasion sont légitimes. Sachant bien que les histoires personnelles sont politiques, et que le politique est aussi personnel, nous voulons écouter les voix et les histoires des femmes, et s’inspirer de leurs mouvements de désobéissance, de leur force, et de leur résistance.
Ce rapport est publié peu après la Journée internationale de la femme, au cours de laquelle des femmes ont lancé des manifestations dans le monde entier, comme en Espagne, où a été organisée la première grève féministe nationale contre la discrimination sexuelle, la violence domestique et l’écart salarial, ou comme en Turquie, où la foule des manifestants a crié : “Nous ne nous taisons pas, nous n’avons pas peur, nous n’obéirons pas”.[2]
Le régime frontalier européen est également un régime qui comporte une dimension spécifique au genre. Il crée des hiérarchies de la mobilité, rendant d’abord impossible pour de nombreuses femmes de quitter le lieu où leur situation est difficile. Si elles sont malgré tout capables de partir, elles font des expériences spécifiques à leur genre et, malheureusement, beaucoup d’entre elles sont exposées à des formes systémiques de violence liée au genre. La sécurisation croissante des frontières et la criminalisation de la migration sont les principaux facteurs qui contribuent à rendre ces voyages de plus en plus risqués, et en découle la nécessité de trouver une aide professionnelle pour surmonter les obstacles frontaliers. Étant donné les trajets de plus en plus longs et coûteux, les situations d’exploitation sont courantes, et le mouvement “consensuel” peut rapidement se transformer en un mouvement non-consensuel, ou forcé. En même temps, la conception binaire dominante de la migration “volontaire” ou “forcée”, inscrite dans les conventions internationales sur les réfugié·es, ne peut rendre compte de la complexité des expériences et des voyages des migrant·es, et certainement pas de cette dimension spécifique au genre.
Lorsque des femmes traversent la mer, elles ont souvent des expériences différentes de celles des hommes et sont exposées à de plus grands dangers en raison d’une série de plusieurs facteurs. Proportionnellement, plus de femmes que d’hommes se noient lorsqu’elles essaient de traverser un plan d’eau. En Méditerranée centrale, elles sont souvent assises au milieu des embarcations en caoutchouc, destinées à les maintenir le plus loin possible de l’eau et donc “en sécurité”. Cependant, c’est au milieu des bateaux qu’on trouve le plus d’eau de mer et de carburant, mélange toxique qui brûle leur peau et cause souvent de graves blessures. C’est là aussi qu’elles courent le plus grand risque d’être piétinées et étouffées lorsque la panique s’installe à bord. Dans certains des plus gros bateaux en bois, les femmes sont souvent assises dans la cale du bateau, où la suffocation due à l’accumulation de fumées dangereuses se produit plus rapidement et d’où il est plus difficile de s’échapper si le bateau chavire. De nombreuses femmes portent des vêtements plus longs et plus lourds que les hommes, avec lesquels il est plus difficile de flotter à la surface de l’eau si elles tombent à la mer. Il a également été rapporté que les femmes qui quittent la Libye ont souvent des compétences insuffisantes en natation. Certaines femmes sont enceintes, ce qui augmente le risque de déshydratation, ou elles ont la responsabilité de s’occuper des jeunes enfants qui voyagent avec elles. Et, bien sûr, elles sont également exposées à des formes patriarcales de violence, tout au long de leur voyage, y compris sur les bateaux.
Au cours des premières semaines de 2018, jusqu’à la mi-mars, les femmes représentaient environ 13 % des voyageur·se·s en Méditerranée. En mer Égée, nous voyons la composition la plus diversifiée des groupes en termes de genre, les femmes représentant 22% de celles et ceux qui entrent en Grèce (mais aussi en termes d’âge, les enfants représentant 37% ici). En Méditerranée centrale, le nombre est d’environ la moitié, les femmes représentant environ 11 pour cent des passagères des bateaux (et environ 15 pour cent d’enfants). En Méditerranée occidentale, nous avons le plus petit nombre de femmes qui traversent la frontière, avec environ 8 pour cent de femmes (12,6 % d’enfants).[3] Alors que les Harraga en provenance de Tunisie sont encore majoritairement des hommes, nous avons vu plus de jeunes femmes prendre les bateaux au cours du second semestre de 2017 que jamais auparavant. Étant donné le manque de données, nous ne pouvons pas dire combien des 458 mort·es en mer cette année étaient des femmes.
Tout au long de leurs trajectoires migratoires, les femmes sont touchées de manière disproportionnée par la violence. Surtout les femmes à qui nous avons parlé, et qui ont fui la Libye, nous parlent de souffrances inimaginables avant leur départ. L’ONG SOS MEDITERRANEE a secouru plus de 4 000 femmes sur leur navire de sauvetage en deux ans, et ils rapportent que le nombre de femmes enceintes a doublé au cours de leur deuxième année d’opération, pour atteindre 10,6% en 2017.[4] Beaucoup portent des enfants qui sont les fruits de viols.[5] Compte tenu de ces atrocités auxquelles les femmes sont soumises, les dépeindre en tant que victimes peut sembler peu surprenant. Et pourtant, ce qu’on a tendance à oublier à cause de la répétition de ces narrations, ce sont les moments de survie, d’action politique et de résistance qui témoignent de la ténacité des femmes migrantes et de la façon dont elles se transforment, transforment les autres et les espaces qu’elles traversent au cours de leur voyage.
Dans notre travail, nous avons rencontré d’innombrables femmes qui ont mené des luttes sans failles contre les frontières, l’endiguement, la dissuasion, la séparation des familles et des communautés. Au cours du ” long été de la migration “, la composition genrée des voyageur·ses a changé – nous avons assisté à la féminisation de la migration. Les raisons du changement de composition à l’époque étaient multiples, mais certaines des raisons principales étaient certainement la situation toujours dévastatrice en Syrie et l’escalade des conflits en Irak. Beaucoup ne pouvaient tout simplement pas rester plus longtemps dans les zones de guerre et devaient partir, souvent pour suivre les hommes qui étaient partis des mois, ou des années auparavant, dans l’espoir de faire venir leur famille, une fois arrivés et après avoir survécu à leur dangereux voyage. Pour beaucoup, l’espoir d’utiliser les voies légales pour se rendre en toute sécurité en Europe – seules ou avec d’autres membres de la famille – a disparu lorsque les États membres de l’UE ont créé encore plus de restrictions sur les programmes de regroupement familial et que de plus en plus de voies légales ont été fermées. De plus, pour celles qui vivent en exil dans des pays voisins de pays en proie à des conflits comme la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan, les conditions de vie se sont détériorées au fil du temps, et avec l’arrivée de plus en plus de personnes en Europe en 2015, elles ont également saisi leur chance. Alors qu’auparavant en mer Égée, il y avait surtout des bateaux avec des voyageur·ses masculins à bord, tout à coup, il y avait des bateaux où les hommes étaient minoritaires et où les femmes et les enfants étaient majoritaires.
Safinaz était l’une d’entre elles. Elle nous a appelé de la mer Egée en septembre 2015 et est restée en contact après avoir survécu à la traversée vers la Grèce, afin que nous puissions suivre ses mouvements à travers l’Europe via la Route des Balkans et finalement en Allemagne, où nous l’avons rencontrée en 2017.[6] Elle faisait partie des mouvements migratoires de 2015 qui ont conduit à un effondrement historique, quoique temporaire, du régime frontalier de l’UE. Les survivants des traversées maritimes ont marché à travers les Balkans et nous avons vu des femmes au premier rang, non seulement en raison de la logique tactique selon laquelle les forces de sécurité peuvent faire preuve d’une plus grande retenue pour utiliser la violence contre elles, mais aussi simplement parce qu’elles étaient fortes et courageuses, et disposées à affronter les gardes-frontières européens qui se tenaient sur leur chemin.
Il est temps d’écouter les voix et les histoires des femmes migrantes, qui sont toujours sous-représentées et négligées. Nous continuons d’exprimer notre solidarité avec elles, avec celles qui ne peuvent s’échapper, celles qui sont en déplacement et celles qui, après leur arrivée, sont toujours confrontés à des formes extrêmes de violence, comme la centaine de femmes du centre de détention de Yarl’s Wood, au Royaume-Uni, qui ont entamé une grève de la faim, demandant un traitement digne et la fin de la détention.[7]
ÉVOLUTION EN MER MÉDITERRANÉE CENTRALE
Nous avons rencontré Viviane à Tunis lors de la conférence “Alarm Phone Mediterranean Migration Movements : Realities and Challenges” qui a eu lieu en septembre 2017. Viviane est venue de Côte d’Ivoire en Tunisie par l’intermédiaire d’agents professionnels qui l’ont envoyée, elle et d’autres femmes, dans les foyers de personnes riches où elles étaient “non seulement” exploitées dans leur travail, mais où elles étaient également maltraitées et abusées sexuellement. Leurs salaires étaient souvent retenus et, en tant que ” clandestines ” à Tunis, elles pouvaient rarement se battre ouvertement pour leurs droits. Souvent, leurs agents conservaient leurs passeports, de sorte qu’elles ne pouvaient même pas retourner dans leurs pays d’origine. Beaucoup de femmes étaient confinées dans les maisons où elles travaillaient et lorsqu’elles se sont échappées, certaines ont cherché à atteindre l’Europe par la Libye. En Libye, beaucoup d’entre elles ont été abusées sexuellement, maltraitées et violées, et même lorsqu’elles réussissaient à embarquer à bord d’un bateau, elles étaient souvent interceptées et renvoyées en Libye ou en Tunisie, où elles étaient emprisonnées.
Viviane a pu échapper à son employeur en Tunisie. Elle s’est formée en santé publique et elle soutient maintenant d’autres femmes qui ont vécu des expériences similaires, en leur donnant des conseils et des soins. En raison de son engagement, elle fait face à des menaces de la part de ceux qui gagnent de l’argent grâce à l’exploitation des femmes. Elle vit en Tunisie et a demandé l’asile au HCR, ce qui a été rejeté, et elle envisage de retourner en Côte d’Ivoire. En raison de son insécurité (légale), nous ne pouvons pas publier son nom complet. Lors de notre conférence en septembre dernier, Viviane a raconté son histoire devant un large public. Elle a montré des peintures qu’elle avait faites avec son frère Nali et elle et lui ont accepté qu’elles soient publiées dans ce rapport, avec leur description des images. Nous l’en remercions et lui souhaitons beaucoup de force pour poursuivre son combat.
L’image montre une jeune femme enchaînée avec une chaîne en or. Elle émerge du sol et est vêtue de haillons. Elle est bâillonnée, ses yeux sont anxieux et pleins de larmes. Le ciel à l’arrière-plan est menaçant. Cette image décrit l’esclavage et l’abus de pouvoir, exercés sur des victimes opprimées par la pauvreté.
Acrylique sur toile. Titre : Le salut
L’image montre des mains portant une chaîne brisée devant un ciel bleu en arrière-plan. La chaîne brisée symbolise l’évasion de la servitude. Quel que soit le temps qu’il a fallu, la libération est là – c’est le cri du cœur pour sauver les restes de dignité humaine, après la capture dans les conditions de l’esclavage moderne.
L’image montre un œil dans lequel les gens appellent à l’aide. L’œil est un organe sensible, et quand il souffre, il pleure. Les larmes sont des vagues qui emportent les cadavres sur le rivage. Les larmes représentent la douleur de celui qui voit comment les âmes de ceux qui migrent vers l’Europe se noient.
L’image montre des mains noires qui sortent de la mer. En arrière-plan, il y a l’horizon et un ciel sombre. Les mains appellent à l’aide. Leurs vies se perdent, et avec elles l’immensité des problèmes, et personne ne se soucie des horreurs que vivent ceux qui migrent clandestinement. L’horizon est le témoin d’une entreprise aussi dangereuse, où beaucoup se perdent dans le voyage tortueux, ce qui, pour beaucoup, signifie pas de retour.
Du 1er janvier au 18 mars 2018, 6 163 personnes sont arrivées d’Afrique du Nord en Italie. Rien qu’en janvier, près de 4 200 personnes ont survécu à cette traversée, et ce chiffre était proche de ceux des années précédentes. Cependant en février, seulement 1 000 personnes environ ont réussi le passage, ce qui représente une baisse significative par rapport à l’année dernière, quand près de 9000 personnes avaient atteint l’Italie au cours du même mois. En mars également, les chiffres sont étonnamment bas, avec jusqu’à présent environ 916 arrivées en Italie – l’année dernière, près de 11000 personnes sont arrivées en mars. Les interceptions renforcées par les gardes-côtes libyens sont l’un des facteurs expliquant cette diminution, empêchant des milliers de personnes de s’échapper, un autre étant les rapatriements massifs de la Libye vers les pays d’origine. Le 13 mars, Federica Mogherini, Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a annoncé : “Au cours des deux premiers mois de cette année, en janvier et février, nous avons réussi à sauver et à libérer plus de 16 000 personnes des camps en Libye”.[8] Ce nombre de rapatriements est aussi élevé que le chiffre pour l’ensemble de 2017. Quel cynisme que de parler de “sauvetage et de libération” concernant celles et ceux qui sont maintenant retourné·es là d’où elles et ils s’étaient échappé·es.
Nous avons entendu d’innombrables histoires de souffrance en Libye. Un cas particulièrement tragique s’est produit à la mi-février, lorsqu’un camion transportant probablement plus de 200 migrant·es dans son conteneur de fret s’est écrasé. Dans les médias, le nombre de passagers et de décès varie, mais il semble qu’il y ait eu plus que les 23 mort·es et 124 blessé·es mentionné·es dans les médias.[9] En février, Oxfam et Borderline Sicily ont appelé l’Italie et l’UE à “mettre fin immédiatement à l’accord avec la Libye et à toutes les activités visant au retour des personnes en Libye, y compris la coopération avec les garde-côtes libyens”[10]. Dans un rapport précédent, basé sur des entretiens avec des survivant·es de Libye en août dernier, ils ont déclaré que “84 pour cent d’entre eux avaient déclaré avoir subi des traitements dégradants et inhumains, des violences extrêmes ou de la torture en Libye. 74 % ont déclaré avoir été témoins de meurtres ou de tortures.”[11] Il est clair que la situation ne s’est pas améliorée depuis.
Les quelques personnes qui réussissent actuellement à monter à bord de bateaux sont confrontées en mer à un système de dissuasion UE-Libye. Heureusement, des acteurs non gouvernementaux courageux cherchent encore à sauver le plus grand nombre possible de personnes en les amenant vers l’Europe. Le 10 mars, Alarm Phone a été impliqué dans une situation de détresse au large des côtes libyennes qui met en évidence la remarquable chaîne de solidarité créée par les communautés de migrant·es, les activistes et les ONG. Le prêtre Père Zerai a été informé de l’existence d’un bateau en Méditerranée centrale, transportant 106 personnes. Il a mis en mouvement les mécanismes de sauvetage militants et non-gouvernementaux, par voie aérienne et terrestre. L’avion non-gouvernemental de R-S Moonbird a découvert le bateau et le navire de R-S de Proactiva Open Arms a finalement sauvé les personnes en les amenant en Italie.[12]
À la mi-mars, le navire de sauvetage Aquarius a débarqué 280 personnes dans le port Sicilien d’Augusta. Elles et eux étaient venus de plus de 20 pays différents vers la Libye.[13] D’autres acteurs non gouvernementaux, comme Jugend Rettet, sont obligés de rester sur la ligne de touche et de regarder, en raison des campagnes de criminalisation auxquelles ils ont dû faire face. Les chercheurs de WatchTheMed Charles Heller et Lorenzo Pezzani ont publié une nouvelle contre-enquête en océanographie judiciaire, démontrant très clairement les failles dans les graves accusations portées contre l’équipage du Jugend Rettet du navire de sauvetage Iuventa. Il fournit des preuves importantes contre les tentatives de criminaliser et de délégitimer le sauvetage non gouvernemental en Méditerranée.[14]
Fin février, Alarm Phone s’est joint à six autres ONG, appelant l’UE à se détourner radicalement de sa trajectoire actuelle en matière de contrôle des frontières et de ” gestion ” de la migration. Nous avons exigé la fin de la criminalisation de la migration et de ceux qui aident les migrant·es à s’échapper des contextes dévastateurs dans lesquels elles/ils se trouvent. La déclaration peut être consultée ici.
Notre projet vidéo “Messages de solidarité pour les personnes en transit” sortira sous peu plusieurs nouvelles vidéos, dans lesquelles les survivantes racontent leur histoire et donnent des conseils à celles qui sont encore en route.[15] Deux d’entre elles sont Samrawit d’Erythrée et Fathiya, qui est somalienne.
Samrawit, qui a survécu à un naufrage à grande échelle en mai 2017, raconte ses expériences en mer et donne également des conseils sur le problème des empreintes digitales. Elle est arrivée de Libye en mai 2017 à bord d’un grand bateau à trois niveaux, transportant 903 personnes. Elles/ils ont perdu leur orientation et quand elles/ils ont finalement été retrouvé·es, le bateau a chaviré et beaucoup sont tombé·es à l’eau. Environ 200 personnes ont perdu la vie ce jour-là. Quand Samrawit est arrivée en Sicile, elle a été poussée à donner ses empreintes digitales. Sans abri et sans soutien, elle a décidé de déménager en Allemagne. Elle a rejoint le groupe ‘Lampedusa in Hanau’ où elle a lutté collectivement contre le régime de déportation de Dublin.[16]
Fathiya a également été secourue en Méditerranée centrale après son départ de Libye, en mars 2016. Heureusement, aucune des 900 personnes à bord de son bateau n’a perdu la vie. Elle ne voulait pas vivre en Italie, mais elle est restée six mois dans un camp où ils ont pris ses empreintes digitales. Les personnes ont dû quitter le camp, et sans nulle part où aller, elles/ils vivaient dans la rue. “C’était si effrayant. Tant de gens étaient ivres dans la rue, et nous avions peur d’y vivre. Les femmes ne dormaient pas, nous étions debout jour et nuit parce que nous avions peur. J’avais une amie dans un autre pays européen. Elle m’a dit d’aller dans un autre pays d’Europe pour commencer une nouvelle vie.” Elle s’est rendue en Allemagne et a reçu un refus de séjour. Mais elle aussi a rejoint ‘Lampedusa in Hanau’ et a commencé à se battre pour son droit à rester : “A celles et ceux qui sont dans une situation comme moi : elles/ils ne doivent pas perdre espoir ! Un jour, nous aurons ce dont nous avons besoin.”
L’ÉVOLUTION EN MER MÉDITERRANÉE OCCIDENTALE
En février 2015, Afrique-Europe-Interact a ouvert une maison de repos à Rabat pour les femmes et les enfants en transit.[17] La maison de repos a depuis lors créé un environnement solidaire avec les femmes, principalement avec les nouvelles arrivantes au Maroc. Aujourd’hui, 3 appartements existent, créant un espace pour environ 25 femmes et 10 enfants à la fois, où elles peuvent se remettre de la traversée du désert et organiser et planifier leur avenir. La maison de repos est ouverte à toutes les nationalités, mais surtout aux femmes d’Afrique subsaharienne qui font face à des défis supplémentaires à cause de leur situation précaire au Maroc, notamment en raison d’un climat raciste général contre les noir·es Africain·es. Outre le logement, la nourriture et les traitements médicaux, les femmes se réunissent régulièrement dans des cours d’alphabétisation et des tables rondes de discussion. Un quatrième appartement sert de bibliothèque, pour l’éducation des femmes et des enfants, et de lieu de réunion générale. Les cours d’alphabétisation et les tables rondes de discussion servent d’espaces d’autonomisation politique, où les femmes s’engagent dans des réflexions collectives et des analyses critiques sur les raisons de leur situation précaire dans le contexte de leurs luttes contre les frontières.
Jusqu’à la mi-mars, environ 2 800 personnes ont quitté le Maroc et sont entrées en Espagne par voie maritime, ainsi qu’environ 1 400 personnes par voie terrestre.[18] Au cours des six dernières semaines, nous avons continué d’être témoins des effets mortels du régime frontalier de l’UE. Les incidents suivants sont une liste incomplète des tragédies récentes en Méditerranée occidentale. Le nombre de victimes du régime frontalier de l’UE en 2018, jusqu’en mars, atteint 104 personnes dans le seul détroit de Gibraltar.[19]
Le 4 février, un bateau transportant 47 voyageur·ses a chaviré près de Melilla. Pour la Méditerranée occidentale, il s’agit d’un naufrage majeur, et le cas a donc été largement diffusé dans les médias.[20] Public Radio International (PRI) a publié un rapport sur l’incident, révélant l’identité de la plupart des victimes afin de transformer ce nombre anonyme en histoires humaines et de rendre hommage aux noyé·es. Il est accessible ici.[21] Jusqu’à présent, seuls 21 corps ont été retrouvés. Le 12 février, l’organisation espagnole de recherche et de sauvetage Salvamento Maritimo a secouru 29 voyageur·ses à bord d’un bateau presque coulé, à 7 milles nautiques de Grenade. Beaucoup d’entre elles/eux ont dû être secouru·es hors de l’eau. Au moins 5 personnes ont disparu. Les survivant·es ont été amené·es à Motril, où certain·es d’entre elles/eux ont été hospitalisé·es.[22] Le 3 mars, un bateau en caoutchouc en route vers l’enclave espagnole de Ceuta, transportant quatre personnes, a chaviré à cause de la mer agitée. Deux des femmes à bord se sont noyées pendant la tragédie. La troisième femme et un homme ont réussi à nager jusqu’au rivage de Ceuta.[23]
Le dimanche 25 février, le groupe Alarm Phone d’Oujda a organisé une réunion avec 15 familles de proches de disparu·es en mer, afin d’organiser et de donner de l’espace pour le partage des voix et des témoignages des un·es et des autres. Les points de discussion ont porté sur le droit des familles à savoir ce qui est arrivé à leurs proches ainsi que sur la responsabilité de l’État marocain et de l’UE, et la politique de migration mortelle.
Récemment, il y a eu une augmentation du nombre de ressortissant·es marocain·es s’embarquant pour l’Espagne. Après avoir traversé le détroit de Gibraltar et être arrivé·es sur le continent espagnol, elles/ils sont cependant parfois renvoyé·es directement au Maroc dans le cadre d’opérations illégales de refoulement, sans possibilité de demander l’asile.
Les raids fréquents dans les forêts autour de Nador se poursuivent, les forces marocaines détruisant les camps et déportant les voyageur·ses vers des villes plus au sud, où ils vivent souvent dans des camps de fortune précaires dans les gares, faute de moyens de retour. Avec ou sans permis de séjour, les Africains subsahariens risquent d’être expulsés à tout moment. De même, le camp de la gare de Fès est toujours sous la menace constante d’être expulsé par les autorités, et une partie est déjà détruite.
Le 3 février, la marche pour la dignité a eu lieu à Ceuta, pour attirer l’attention sur les crimes commis par la Guardia Civil le 6 février 2014.[24] Cette date, où la Guardia Civil a attaqué un groupe de voyageur·ses essayant de traverser la frontière de Tarajal à la nage avec des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène, causant la mort d’au moins 15 personnes, est devenue un symbole de la violence aux frontières, et a été marquée chaque année par des commémorations et des actions dans divers endroits en Europe et au Maroc. Cette année, l’événement est survenu peu après que le juge chargé de l’enquête ait choisi de clore l’affaire, le 28 janvier, sans permettre aux témoins de témoigner, bien que deux victimes directes de l’incident aient exprimé leur volonté de comparaître devant le tribunal en tant que témoins.[25] Outre l’assassinat d’au moins 15 voyageur·ses le 6 février, les voyageur·ses qui ont réussi à atteindre l’enclave espagnole ont été repoussé·es vers le Maroc. Cette pratique, que la Cour européenne des droits de l’homme a jugée illégale l’année dernière, reste très courante aujourd’hui lorsque les gens arrivent à Ceuta et Melilla, et a été étendue au détroit de Gibraltar.[26]
ÉVOLUTION EN MER ÉGÉE
Nasimgul et sa fille de 5 ans, Jasna, ont quitté l’Afghanistan à cause de la guerre. Elle n’avait pas l’intention de venir en Europe, mais voulait rester avec sa mère en Iran. Mais quand elles sont arrivées là-bas, elles se sont rendues compte que la situation était aussi mauvaise qu’en Afghanistan et Nasimgul a donc décidé d’aller en Europe via la Turquie. Elles sont montées à bord d’un bateau en caoutchouc, mais il s’est dégonflé, et elles étaient sur le point de retourner en Turquie, mais elles ont essayé à nouveau : “Après une demi-heure de mer, le temps s’est dégradé, de grosses vagues sont arrivées. J’étais assise près du moteur et je tenais Jasna, une vague nous a prise, Jasna et moi sommes tombées les premières dans la mer”. Elles ne savaient pas nager et une autre vague a enlevé Jasna à sa mère. “Je pleurais et je criais son nom : Jasna, Jasna, Jasna. J’ai entendu sa voix me répondre. Je ne sais pas ce qui s’est passé”. Nasimgul a entendu son cousin crier que Jasna était de nouveau sur le bateau, mais Nasimgul n’a pas pu atteindre le bateau et il a disparu. À un moment donné, un grand bateau est passé devant elle. Le matin, elle a vu un autre bateau, et à midi, un hélicoptère, mais personne ne l’a vue, même lorsque l’hélicoptère est revenu dans l’après-midi. Son gilet de sauvetage était plein d’eau et lourd, mais quand elle l’a enlevé, elle a commencé à se noyer.
Nasimgul a vu des rochers. “J’ai parlé à Dieu et j’ai dit : « Vous pouvez me faire sortir avec les vagues. Trois vagues et je suis dehors. » Dès que j’ai dit cela, deux vagues sont venues et m’ont jeté sur les rochers. Je me suis réveillée à cause de la douleur.” Elle a grimpé sur les rochers et s’est retrouvée sur une île, et après un certain temps, elle a rencontré des résidents locaux qui l’ont aidée. Elle pensait que Jasna était peut-être morte, et quand le médecin lui a dit qu’elle était vivante, elle ne l’a pas cru. “Quand je suis allée dans le couloir de l’hôpital et que j’ai vu Jasna assise sur une chaise, j’étais si heureuse que je pleurais. …. Je ne devrais jamais oublier cette histoire, je ne devrais pas croire que je suis sortie de la mer après 18 heures dans les vagues, ne sachant pas nager toute seule. Maintenant, je suis si heureuse! Quand je suis arrivée, j’ai rencontré les meilleures personnes au monde, je ne vous oublierai jamais. Je souhaite arriver dans un pays où Jasna peut aller à l’école, et je souhaite arriver dans un pays où nous pouvons obtenir l’asile et, après cela, rendre visite à ma mère qui est si malade”. Avec les activistes de W2EU, Nasimgul est retournée là où elle avait été rejetée à terre. Elle a pu trouver la maison de ceux qui l’avaient aidée. Les activistes écrivent : “Ils ont ouvert la porte et n’en croyaient pas leurs yeux ! Nasimgul, la femme qui sortait de la mer, se tenait là avec son petit enfant qui leur souriait. Katerina, Panagiotis et Nasimgul sont tombés dans les bras l’une de l’autre.”[27]
Jusqu’à présent, en 2018, environ 3 500 personnes sont arrivées sur les îles grecques. Avec 1 633 arrivées en janvier et 1 256 en février, le nombre de personnes ayant réussi à traverser a augmenté par rapport à 2017, où 1 393 sont arrivées en janvier et 1 089 en février. Jusqu’au 18 mars, 1 230 personnes ont réussi. Celles et ceux qui n’ont pas pu rejoindre la Grèce étaient les 18 (sur 21) voyageur·ses qui se sont noyé·es près de l’île d’Agathonisi le 17 mars.[28] Lorsque les survivants arrivent sur les îles, elles/ils sont confrontés à des conditions inhumaines dans les centres d’accueil surpeuplés en Europe.[29] Les femmes en particulier sont soumises à des situations insoutenables, souvent victimes de violences sexuelles dans ces lieux d’enfermement.
D’autres, qui connaissent bien ces conditions, ont décidé de prendre des routes différentes. À la mi-février, le bateau d’un groupe de huit personnes a chaviré dans la rivière Maritsa, dans le nord de la Grèce. Trois personnes se sont noyées et les cinq autres ont disparu. Les morts ont été identifiés comme Ayşe Abdurrezzak et ses enfants Abdulkadir (11 ans) et Halil (3 ans). Ayşe et son mari, qui font partie des disparus, étaient enseignants en Turquie mais ont décidé de s’évader après avoir été licenciés de leur emploi lors de la répression du coup d’Etat en Turquie.[30] Ils ont fui un lieu et un régime que l’Europe considère comme suffisamment sûrs au point d’y expulser des personnes, vers un pays qui commet des atrocités massives contre les Kurdes à Afrin et ailleurs, qui tire sans discrimination sur les personnes qui tentent d’échapper à la guerre en Syrie, et renvoie sommairement les demandeurs d’asile syriens vers une zone de guerre. Comme Human Rights Watch l’a récemment déclaré : “Les Syriens qui fuient vers la frontière turque à la recherche de sécurité et d’asile sont repoussés par les balles et les abus.”[31]
DES RÉSUMÉS DES CAS DE DÉTRESSE REÇUS PAR ALARM PHONE
Au cours des six dernières semaines, le téléphone d’Alarm Phone-WatchTheMed a été alerté de situations de détresse dans les trois régions de la Méditerranée. Nous avons été engagés dans 25 cas de détresse, dont 4 en Méditerranée centrale, 6 en Méditerranée occidentale et 15 en mer Egée. Vous trouverez ci-dessous des liens vers les rapports individuels des 6 dernières semaines.
Méditerranée centrale:
Le samedi 3 mars, à 22h43, l’équipe d’Alarm Phone a été alertée par le Père Mussie Zerai pour le cas d’un bateau en détresse, transportant 92 voyageur·ses, et nous a fait parvenir leur numéro de téléphone ainsi que le numéro d’une personne de contact en Libye. Les voyageur·ses étaient parti·es de Zawiya, en Libye, la nuit précédente à 2 heures du matin. Nous avons contacté la personne en Libye, qui venait de parler aux voyageur·ses, et nous a dit que leur situation n’était pas bonne, mais qu’ils étaient encore capables d’aller de l’avant. A 23h43, nous avons appelé les garde-côtes italiens. Une heure plus tard, nous avons de nouveau parlé avec les garde-côtes, qui pensaient avoir localisé les voyageurs près de la plate-forme pétrolière d’El Bouri. A 02h42 du matin, nous avons réussi à établir un contact direct avec les voyageurs. À 03h 40, nous avons rappelé les voyageurs. Cette fois, ils nous ont dit qu’ils pouvaient voir la “terre ferme” où ils pouvaient débarquer. Par l’intermédiaire des garde-côtes italiens, nous avons appris que les voyageurs avaient débarqué et s’approchaient d’un village. Après cela, il ne nous a plus été possible de joindre les voyageur·ses. A 10h12, nous avons de nouveau parlé à la personne de contact qui nous a informé que les voyageur·ses avaient été retrouvés par la police libyenne sur une île au large de Zuwarah. Nous avons ensuite compris qu’ils devaient être arrivés sur la péninsule de Farwa dans l’état de Zuwarah (pour le rapport complet, voir : http://www.watchthemed.net/reports/view/792).
Le samedi 10 mars 2018, notre équipe d’Alarm Phone a été alertée à 13h01 par le Père Zerai pour le cas d’ un bateau en détresse au large des côtes libyennes. Nous avons reçu le numéro de téléphone d’un des voyageur·ses et leur position GPS. Malgré plusieurs tentatives, nous n’avons pas pu les joindre directement. Cependant, nous avons pu recharger leur téléphone satellite Thuraya avec du crédit, afin qu’ils puissent encore passer des appels d’urgence. Nous avons ensuite informé l’avion non-gouvernemental de recherche et sauvetage R-S Moonbird de l’affaire et ils ont promis de chercher le bateau. Nous avons également parlé au navire SAR de Proactiva Open Arms qui se trouvait le plus près de la position du bateau en détresse. Ils ont confirmé qu’ils avaient déjà pris connaissance de la situation et qu’ils étaient en route. Ils ont dit qu’il y avait 106 personnes à bord. À 14 h 53, Moonbird a confirmé la découverte du navire à un endroit légèrement différent. À ce moment-là, Open Arms se trouvait à environ deux heures de route de l’endroit. A 16h19, Moonbird a confirmé qu’une opération SAR avait été lancée par Open Arms (voir : http://watchthemed.net/reports/view/795).
Le dimanche 11 mars 2018, notre équipe d’Alarm Phone a reçu un message du Père Zerai vers 10h, nous informant du départ d’un bateau d’Al Khums/Libye, transportant environ 90 personnes, la majorité venant d’Erythrée. Nous n’avons pas pu joindre directement les voyageur·ses, mais nous avons pu recharger leur téléphone satellite avec du crédit. Nous avons contacté le Centre italien de coordination du sauvetage maritime (MRCC) à Rome, qui avait déjà été informé de cette affaire. Nous avons également informé l’avion non-gouvernemental de recherche et sauvetage R-S Moonbird. A 11h35, Moonbird nous a informé qu’ils essayaient de localiser le bateau en question. L’ONG Proactiva Open Arms nous a ensuite informé à 12h20 qu’ils avaient secouru un groupe de personnes similaires à celui que nous leur avions décrit plus tôt. Ils ont déclaré qu’ils avaient secouru 93 personnes venues d’Al-Khums la nuit précédente, toutes d’Erythrée, à l’exception d’une personne venue du Soudan. Le groupe était faible, dans un très mauvais état de santé, et le navire de sauvetage se dirigeait au plus vite vers le nord pour les évacuer (voir : http://watchthemed.net/reports/view/796).
Jeudi 15 mars 2018 à 15h39, le Père Mussie Zerai a alerté Alarm Phone au sujet de deux bateaux en détresse en Méditerranée centrale. Il a transmis leurs positions GPS et leurs numéros de téléphone satellite et nous avons immédiatement essayé de les appeler, mais sans succès. Une heure plus tard, il nous a également informé de la présence d’un troisième bateau, qui voyageait dans la même zone. Nous avons rechargé le crédit de leur téléphone satellite à 17h05 et à 17h28. Dans les heures qui ont suivi, nous avons continué d’essayer de joindre les voyageur·ses et de surveiller leur crédit téléphonique. Entre-temps, nous avons appris que l’organisation espagnole de sauvetage Proactiva Open Arms était active dans la région et était attaquée par des unités des garde-côtes libyens. A 18heures, nous avons appelé le Centre italien de coordination du sauvetage maritime (MRCC) à Rome et leur avons transmis toutes les informations que nous avions reçues jusqu’à présent. Ensuite, nous avons contacté Proactiva Open Arms et appris d’eux qu’ils avaient secouru 218 personnes en détresse dans la région, y compris probablement les deux bateaux dont le Père Mussie Zerai nous avait initialement informés. A 0h41 du lendemain matin, le MRCC nous a confirmé que tous les bateaux en détresse dans cette zone avaient été secourus, mais sans information détaillée sur des cas spécifiques (voir : http://watchthemed.net/reports/view/808).
Méditerranée occidentale
Le vendredi 16 février 2018 à 16h55, les personnes de contact ont informé Alarm Phone d’un bateau en détresse en Méditerranée Occidentale avec 34 personnes à bord, dont 7 femmes et 3 enfants. Ils nous ont fourni le numéro de téléphone des voyageur·ses et nous avons essayé d’appeler le bateau à 16h57 mais nous ne l’avons pas atteint. A 17h22, nous avons appelé l’organisation de sauvetage espagnole Salvamento Maritimo (S.M.) à Alméria, qui nous a confirmé que le bateau avec le numéro de téléphone donné avait été sauvé et les personnes emmenées à Mortil/Espagne (voir : http://watchthemed.net/reports/view/803).
Le dimanche 18 février 2018 à 4h17 du matin, Alarm Phone a été appelé directement d’un numéro marocain, nous informant de deux personnes qui étaient parties d’une plage près de Tanger/Maroc et qui étaient encore sur l’eau. A 4h37 du matin, nous avons alerté l’organisation de sauvetage espagnole Salvamento Maritimo (S.M.), qui cherchait déjà les voyageur·ses avec un navire de sauvetage. A 5h05 du matin, la personne de contact nous a dit que les voyageur·ses étaient en grande détresse et nous a demandé d’appeler la Marine Royale marocaine. À 5 h 08 du matin, la Marine Royale nous a confirmé qu’elle cherchait aussi les voyageur·ses en détresse. A 5h32, la personne de contact nous a rappelé et nous a informés que les deux voyageur·ses ont été secourus par la Marine Royale marocaine (voir : http://watchthemed.net/reports/view/804).
Le dimanche 18 février 2018 à 8h12, une personne de contact a alerté Alarm Phone au sujet d’un bateau en détresse en Méditerranée Occidentale, avec 9 personnes à bord, dont une femme. Ils étaient partis de Tanger/Maroc vers 4h30 du matin. Il nous a transmis leur numéro de téléphone et nous avons immédiatement essayé de les appeler, mais sans succès. Cependant, à 8h56, il nous a informé que les voyageur·ses avaient été interceptés par la Marine Royale marocaine (voir : http://watchthemed.net/reports/view/805).
Mardi 20 février, à 10h30, nous avons été alertés d’un bateau en détresse transportant 33 personnes. Le bateau est parti vers l’Espagne depuis Nador à 5h30 CET. Nous n’avons pas pu établir une connexion directe avec le bateau. A 10h53, nous avons appelé l’autorité de sauvetage espagnole Salvamento Maritimo à Almería et nous les avons informés concernant ce bateau. À 11 h 09, nous avons joint les voyageur·ses. Les personnes à bord ont signalé qu’il y avait de l’eau qui entrait dans l’embarcation. À 11 h 53, nous avons de nouveau appelé Salvamento Maritimo, mais il n’y avait pas de nouvelles sur les progrès de la recherche. A 12h40, la personne de contact nous a informé que la situation à bord devenait de plus en plus grave. A 12h50, nous avons rappelé Salvamento à Almería pour souligner l’urgence de l’opération SAR. A 03:15 nous avons appelé Salvamento Maritimo à Almeria qui nous a informé qu’un bateau transportant 33 personnes avait été intercepté par la Marine Royale marocaine. Nos contacts au Maroc ont confirmé que les voyageur·ses avaient été amenés à la police puis renvoyés dans le sud du pays (voir le rapport complet ici : http://watchthemed.net/reports/view/785).
Mercredi 14 mars 2018 à 6h41, une personne de contact a alerté Alarm Phone au sujet d’un bateau en détresse dans la Méditerranée Occidentale, avec 10 personnes à bord. Nous avons immédiatement essayé de les contacter, mais sans succès. Nous avons appelé l’organisation espagnole de sauvetage Salvamento Maritimo (S.M.) à 7h35, qui nous a dit qu’ils étaient déjà à la recherche du bateau. Pourtant, à 7h38, la personne de contact nous a dit que le bateau avait été intercepté par la Marine Royale marocaine entre-temps. A 7h55, nous avons appris par la personne de contact qu’une personne a disparu lors de l’opération de sauvetage de la Marine Royale marocaine (voir : http://watchthemed.net/reports/view/806).
Le mercredi 14 mars 2018, à 6h59, une personne de contact a alerté Alarm Phone au sujet d’un bateau en détresse en Méditerranée Occidentale, avec 9 personnes à bord. Ils étaient partis de Tanger/Maroc vers 3 heures du matin. A 7h35, nous avons appelé l’organisation espagnole de sauvetage Salvamento Maritimo (S.M.), qui nous a dit qu’ils étaient déjà informés de ce bateau en détresse et qu’ils étaient à sa recherche. A 7h45, nous avons rappelé S.M. et ils nous ont confirmé qu’ils avaient sauvé le bateau et qu’ils amenaient les voyageur·ses à Tarifa/Espagne (voir : http://watchthemed.net/reports/view/807).
Mer Egée
Le samedi 10 février 2018, à 1h12, notre équipe de quart d’Alarm Phone a été alertée par une personne de contact à propos d’un bateau dans les eaux turques, transportant 10 personnes. Leur moteur s’est arrêté et nous avons reçu leurs coordonnées GPS. Nous avons informé les gardes-côtes turcs de la situation. A 1h36 du matin, nous avons reçu une mise à jour de notre personne de contact, le bateau a été retrouvé et les gens ont été secourus. A 1h52 du matin, les gardes-côtes turcs ont confirmé qu’ils avaient secouru le bateau (voir : http://watchthemed.net/reports/view/784).
Le mardi 13 février 2018 à 5h12, une personne de contact a alerté Alarm Phone d’un bateau en détresse avec 50 voyageur·ses à bord, dont le moteur s’était arrêté près de l’île grecque de Kos. Nous avons essayé de les appeler et nous avons informé les gardes-côtes grecs du Pirée, qui connaissaient déjà la situation du bateau. A 5h54 du matin, les voyageur·ses nous ont directement envoyé un message vocal, nous informant que le navire de sauvetage les avait pris en remorque, les amenant au port de l’île grecque de Kos. Vers 19 heures, ils nous ont informés que tous les voyageur·ses ont été secourus (voir : http://watchthemed.net/reports/view/798).
Mercredi 21 février, à 6h34, nous avons reçu des informations sur un bateau en détresse en route vers Mytilene/Lesvos, transportant une cinquantaine de personnes, dont 20 enfants. Nous n’avons pas pu établir un contact direct avec le bateau. À 7 h 26, nous avons appelé les gardes-côtes grecs pour leur transmettre l’information. À 8 h 21, la Garde côtière a confirmé le sauvetage des 48 personnes à Lesvos (voir : http://watchthemed.net/reports/view/786).
Mercredi 21 février, à 8h41, nous avons été alertés à propos d’un bateau en détresse se dirigeant vers Samos, transportant 37 personnes. La personne de contact a également envoyé la position du bateau. À 8h52, nous avons appelé les gardes-côtes grecs au Pirée et leur avons transmis l’information. Nous n’avons pas pu établir la connexion avec le bateau. A 11h58, la personne de contact nous a passé un deuxième numéro à bord, mais les deux numéros restaient indisponibles. A 12h45, des ami·es de Samos ont confirmé qu’un bateau transportant 40 personnes (26 hommes, 8 femmes et 6 enfants) avait été secouru le matin. A 15h58, la personne de contact a confirmé le sauvetage (voir : http://watchthemed.net/reports/view/787).
Jeudi 22 février, à 5h54, nous avons été alertés à propos d’un bateau en détresse dans le nord de l’île de Samos avec 39 personnes à bord. Nous avons essayé d’établir une connexion avec le bateau. A 9h00, nous avons appelé les gardes-côtes du Pirée et la police du port de Samos pour leur transmettre l’information. A 10h05, nous avons réussi à joindre des ami·es locaux qui ont confirmé le sauvetage de deux bateaux à Samos ce matin-là, mais n’ont pas pu les identifier davantage. A 20h24, notre personne de contact a confirmé leur arrivée à Samos (voir le rapport complet ici : http://watchthemed.net/index.php/reports/view/794).
Le mercredi 28 février, à 0h52, l’équipe d’Alarm Phone a été alertée par une personne de contact au sujet d’un groupe de 40 voyageur·ses, dont 19 enfants, nous transmettant leur position et leur numéro de téléphone. Nous avons réussi à joindre les voyageur·ses tout de suite, et ils ont confirmé qu’ils étaient en détresse urgente. À 1 h 06 du matin, nous avons appelé les gardes-côtes grecs et leur avons transmis les informations dont nous disposions. Ensuite, nous avons contacté différentes organisations de solidarité sur le terrain. A 2h42 du matin, l’un d’entre eux nous a informé que les voyageur·ses avaient atteint Palios, et qu’ils étaient tous en sécurité (voir : http://www.watchthemed.net/index.php/reports/view/788).
Le vendredi 2 mars, à 0h06, nous avons été alertés par une personne de contact concernant un groupe de 45 voyageur·ses, dont une femme enceinte, nous faisant parvenir leur numéro de téléphone et une position montrant qu’ils se trouvaient au nord de l’île grecque Lesvos. Nous n’avons pas été en mesure d’établir un contact direct avec le bateau. À 0h18 du matin, nous avons appelé les gardes-côtes grecs et leur avons transmis les informations dont nous disposions. Nous avons également transmis cette information aux groupes de solidarité de la région. A 0h51, l’un des groupes de solidarité nous a informé que les garde-côtes grecs menaient l’opération de sauvetage, et lorsque nous avons appelé les garde-côtes à 1h04, ils ont confirmé que les voyageur·ses avaient été secourus (voir : http://www.watchthemed.net/reports/view/789).
Le vendredi 2 mars, à 0h57, l’équipe d’Alarm Phone a été alertée par une personne de contact à propos d’un groupe de 38 voyageur·ses, dont 14 enfants et une femme enceinte, nous transmettant leur numéro de téléphone et une position montrant qu’ils étaient proches de l’île grecque de Samos. Nous n’avons pas été en mesure d’établir un contact direct avec les voyageur·ses. A 1h04 du matin, nous avons appelé les gardes-côtes grecs et leur avons transmis les informations que nous avions sur le bateau. A 1h27 du matin, la personne de contact nous a informé que les voyageur·ses avaient été secourus par les garde-côtes grecs, ce que les garde-côtes ont confirmé lorsque nous les avons appelés par la suite (voir : http://www.watchthemed.net/reports/view/790).
Le vendredi 2 mars, à 6h51, l’équipe d’Alarm Phone a été alertée par une personne de contact au sujet d’un groupe de 30 voyageur·ses, dont 16 enfants, nous transmettant leur position et leur numéro de téléphone. Nous avons appelé les garde-côtes grecs et leur avons transmis les informations dont nous disposions. A 7h18, nous avons rappelé les gardes-côtes et ils nous ont informés qu’ils étaient en train de mener à bien l’opération de sauvetage. Plus tard, la personne de contact nous a confirmé que les voyageur·ses avaient été secourus et amenés à Leros (voir : http://www.watchthemed.net/reports/view/791).
Le lundi 5 mars 2018, à 6h38, une personne de contact a informé notre équipe de quart d’Alarm Phone d’un bateau en détresse, transportant 45 personnes. Nous avons reçu une position GPS ainsi que le numéro de téléphone d’un des voyageur·ses. Ils étaient en route pour Lesvos, mais leur moteur s’était arrêté de fonctionner. Nous avons parlé aux boat-people à 6h44 du matin – ils allaient bien mais ne pouvaient pas redémarrer le moteur. Ils ont dit qu’il y avait 10 enfants parmi eux et nous avons découvert plus tard qu’il y avait aussi 6 femmes, dont une femme enceinte. A 6h54 du matin, ils ont envoyé une nouvelle position, les montrant encore dans les eaux turques. Nous leur avons expliqué cela quelques minutes plus tard. A 7h23, une personne de contact nous a informé que les gardes-côtes turcs avaient trouvé le bateau, et à 7h36, il nous a dit qu’ils avaient été secourus par les gardes-côtes turcs, pour être renvoyés en Turquie (voir : http://watchthemed.net/reports/view/793).
Le lundi 12 mars 2018, nous avons été informés à 3h52 par une personne de contact d’un bateau en détresse en mer Egée. Nous avons reçu une position GPS, un numéro de téléphone portable, ainsi que l’information qu’il y avait 36 personnes sur le bateau, dont 11 enfants. Le moteur du bateau s’était arrêté de fonctionner. Nous pouvions voir sur nos cartes qu’ils avaient déjà atteint les eaux grecques et se trouvaient au sud de l’île de Lesvos. Nous avons pu parler aux voyageur·ses à 4h06 du matin et bien que nous n’ayons pas pu les entendre correctement, nous avons pu constater qu’ils appelaient à l’aide. A 4h08 du matin, nous avons contacté les gardes-côtes grecs et leur avons transmis la position du bateau – ils ont promis de mener une opération SAR. Nous avons transmis cette information aux voyageur·ses. A 4h22 du matin, les gens du bateau nous ont dit via WhatsApp qu’ils avaient besoin d’une aide d’urgence. Notre personne-contact nous a dit à 4 h 33 du matin que les gens sur le bateau pouvaient voir les lumières de l’île Lesvos. À 5 h 08 du matin, les gardes-côtes grecs ont confirmé qu’ils avaient trouvé le bateau en détresse et qu’ils menaient une opération de sauvetage. A 6h22 du matin, les gens de Lesvos ont confirmé que le bateau avait accosté en toute sécurité (voir : http://watchthemed.net/reports/view/797).
Jeudi 15 mars 2018 à 2 heures du matin, une personne de contact nous a parlé d’un bateau en détresse au sud de l’île grecque de Lesvos, avec environ 65 personnes à bord, dont 25 enfants. Les voyageur·ses nous ont demandé d’alerter les gardes-côtes turcs, ce que nous avons fait à 2h35 du matin. À 3 h 25 du matin, les garde-côtes nous ont rappelé et nous ont informés qu’ils avaient effectué des recherches dans la zone avec un navire de sauvetage, mais qu’ils n’avaient trouvé aucun bateau en détresse. Cependant, à 6 heures du matin, une personne de contact nous a informé que les voyageur·ses étaient arrivés sains et saufs sur l’île grecque de Lesvos (voir : http://watchthemed.net/reports/view/799).
Le jeudi 15 mars 2018, à 7 heures du matin, une personne de contact a informé Alarm Phone au sujet d’un bateau en détresse au sud de l’île grecque de Kos, avec 36 personnes à bord, face à de très hautes vagues. A 7h32, nous les avons brièvement contactés par téléphone, et à 7h42, la personne de contact nous a transmis deux photos, indiquant que les voyageur·ses avaient déjà été transférés sur un navire de sauvetage. Le sauvetage a finalement été confirmé à 14h12 (voir : http://watchthemed.net/reports/view/800).
Le vendredi 16 mars 2018 à 3h41, une personne de contact a informé le Alarm Phone au sujet d’un bateau en détresse à l’est de l’île grecque de Lesvos, avec 55 personnes à bord, dont 25 femmes et 20 enfants. Nous avons alerté les gardes-côtes grecs à 4 heures du matin et on nous a dit que les gardes-côtes de Lesvos cherchaient le bateau en détresse. A 4h43 du matin, les garde-côtes nous ont rappelé, nous informant qu’ils avaient trouvé et sauvé le bateau (voir : http://watchthemed.net/reports/view/801).
Toujours le vendredi 16 mars 2018, à 5 heures du matin, une personne de contact a informé Alarm Phone qu’un bateau se dirigeait vers l’île grecque d’Agathonisi, avec 19 personnes à bord, dont 10 femmes et 4 enfants. Nous avons alerté les gardes-côtes grecs à 5h16 du matin, qui ont envoyé un navire de sauvetage dans la zone pour rechercher le bateau en détresse. Cependant, à 5h57 du matin, la personne de contact nous a informé que les voyageur·ses étaient arrivé·es en toute sécurité sur l’île grecque d’Agathonisi par leurs propres moyens (voir : http://watchthemed.net/reports/view/802).
Footnotes
[1]Un grand merci à Marily, membre d’alarmphone, pour avoir soutenu Sylvie and Joelle, pour avoir récolté leurs témoignages, et les avoir exposées à Hambourg. Elle nous a donné l’autorisation de réimprimer les images. Vous pouvez trouver toute l’histoire ici : http://infomobile.w2eu.net/2018/03/14/sylvie-and-joelle-the-only-survivors-of-the-shipwreck-of-24-april-2017-between-turkey-and-greece/. Nous aimerions aussi mentionner que c’est grâce à la solidarité de volontaires et d’activistes que Sylvie, Joelle et Voctoria ont trouvé du soutien après avoir survécu à leur terriible voyage – merci à Refugee Rescue Mo Chara, Sea-Watch et Noborder kitchen!
[2]https://www.transnational-strike.info/2018/03/01/pdf-tss-journal-power-upside-down-womens-global-strike/, http://hacialahuelgafeminista.org/, https://www.theguardian.com/world/2018/mar/08/spanish-women-give-up-work-for-a-day-in-first-feminist-strike, https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2018/03/turkey-women-take-to-streets-demand-equality.html
[3]http://data2.unhcr.org/en/situations/mediterranean
[4]http://www.rfi.fr/afrique/20180308-femmes-refugiees-tres-souvent-victimes-agressions-sexuelles-lors-voyage?ref=fb
[5]http://sosmediterranee.org/wp-content/uploads/2018/03/SOS-MED_Pressedossier_Frauen_auf_der_Flucht.pdf?utm_source=Newsletter+%28deutsch%29&utm_campaign=1b50d27270-EMAIL_CAMPAIGN_2017_10_28&utm_medium=email&utm_term=0_d005ee7a12-1b50d27270-170845573
[6]https://alarmphone.org/en/2017/12/03/the-story-of-safinaz-berta-and-maurice-stierl/?post_type_release_type=post
[7]https://detainedvoices.com/2018/02/22/the-hunger-strikers-demands/, https://soasdetaineesupport.wordpress.com/2018/02/26/4-things-you-can-do-to-support-the-yarls-wood-strikers/
[8]https://www.afp.com/en/news/826/eu-says-16000-migrants-cleared-libya-camps-doc-12g8ox1
[9]http://www.aljazeera.com/news/2018/02/23-killed-truck-carrying-migrants-overturns-libya-180214152726477.html
[10]https://www.oxfam.org/en/pressroom/pressreleases/2018-02-01/one-year-libya-migration-deal-people-still-captivity-and
[11]Ibid.
[12]http://watchthemed.net/reports/view/795
[13]https://twitter.com/sosmedgermany?lang=de
[14]https://blamingtherescuers.org/iuventa
[15]https://www.youtube.com/channel/UC8euh2Zh5e_PHnovsiUiCBQ/videos?disable_polymer=1
[16]http://lampedusa-in-hanau.antira.info/
[17]https://afrique-europe-interact.net/1336-0-Rasthaus-ABC.html
[18]http://data2.unhcr.org/en/situations/mediterranean/location/5226
[19]https://www.ouest-france.fr/monde/migrants/maroc-deux-femmes-se-noient-en-voulant-rejoindre-l-enclave-de-ceuta-5601134
[20]http://www.abc.es/espana/abci-encuentran-unos-20-cadaveres-inmigrantes-flotando-mar-cuatro-millas-melilla-201802040814_noticia.html, http://www.dw.com/en/at-least-20-migrants-found-drowned-near-spanish-enclave-of-melilla/a-42446644 , https://www.nytimes.com/2018/02/04/world/europe/migrant-crisis-spain-morocco.html
[21]https://www.pri.org/stories/2018-03-01/forty-seven-people-died-crossing-mediterranean-wooden-boat-earlier-month-their
[22]http://www.ansamed.info/ansamed/it/notizie/rubriche/cronaca/2018/02/12/migranti-29-salvati-a-largo-granada-almeno-5-i-dispersi_90fd880d-7a4c-484f-8ab9-1b478b1a406c.html
[23]https://elfarodeceuta.es/ellas-carmen-echarri/
[24]http://www.redesinterculturales.org/v-marcha-la-dignidad-3febrero2018-ceuta/
[25]http://www.statewatch.org/news/2018/feb/ecchr-Ceuta-pushback-prel.pdf
[26]http://www.zeit.de/politik/ausland/2017-10/eugh-verurteilt-spanien-abschiebungen-migranten
[27]You can find the whole story here: http://lesvos.w2eu.net/files/2015/10/nasimgul-14.pdf. Thanks to W2EU for allowing us to share it! Another fascinating story can be read here: http://infomobile.w2eu.net/2016/10/15/my-shoes-burned-in-moria-before-my-shoes-burned-i-used-to-run/
[28]http://www.ekathimerini.com/226835/article/ekathimerini/news/at-least-14-dead-in-migrant-boat-sinking-off-agathonisi
[29]http://www.legalcentrelesbos.org/2018/02/10/january-2018-report-on-rights-violations-and-resistance-in-lesvos/
[30]http://harekact.bordermonitoring.eu/2018/02/13/3-dead-5-missing-in-attempt-to-escape-turkeys-post-coup-crackdown/ https://www.turkishminute.com/2018/02/13/3-dead-5-missing-in-attempt-to-escape-turkeys-post-coup-crackdown/
[31]https://www.hrw.org/news/2018/02/03/turkey/syria-border-guards-shoot-block-fleeing-syrians